Exploration de la réponse immunitaire chez la moule (Mytilus edulis) par spectroscopie vibrationnelle Raman

Les hémocytes sont des cellules immunitaires circulantes qui jouent un rôle essentiel dans la réponse immunitaire des bivalves marins. Entre autres, ils libèrent plusieurs composés bioactifs dans l’hémolymphe circulante lors d’une stimulation immunitaire.
Un projet de recherche a récemment débuté pour explorer le potentiel de la spectroscopie vibrationnelle Raman pour le profilage spectral des hémocytes et de l’hémolymphe cell-free chez la moule Mytilus edulis. Cette technologie est reconnue comme un outil performant pour les analyses environnementales, notamment pour la caractérisation des nanoparticules et microparticules polluantes, mais elle est rarement utilisée pour les recherches sur la réponse immunitaire des organismes marins.
Dans le cadre de cette étude, l’hémolymphe a été collectée et analysée afin d’en déterminer les signatures spectrales à l’état basal, au repos, et après stimulation avec LPS, un composant de la paroi bactérienne simulant une infection environnementale. Les résultats montrent des variations spectrales entre l’hémolymphe non traitée et celle stimulée par les LPS.
Les recherches en cours permettront également de caractériser les différentes populations d’hémocytes (Figure) exposés à d’autres stimuli biotiques (bactéries pathogènes) et abiotiques (polluants, nano- et microplastiques), offrant de nouvelles perspectives sur leur rôle dans les mécanismes de défense immunitaire chez la moule.
Ce travail souligne l’importance d’intégrer des méthodes spectroscopiques vibrationnelles avancées comme la microspectrométrie Raman dans la recherche en immunologie des invertébrés aquatiques, ouvrant ainsi la voie à des approches innovantes pour le suivi de la santé des certains organismes largement utilisés en aquaculture et, dans un cadre plus large, des écosystèmes marins, face aux défis environnementaux.
Cette recherche est menée par des enseignants-chercheurs du laboratoire PRISM et UGSF de l’Université de Lille, en collaboration avec des collègues du pôle de Spectroscopie vibrationnelle de la plateforme de caractérisation avancée de l’Institut Michel-Eugène Chevreul et du département DISTEM de l’Université de Palerme (Italie).
Par Mariano Dara, Anne-Sophie Blervacq, Myriam Moreau, Maria Giovanna Parisi, Matteo Cammarata, Jacopo Vizioli